Ce morceau autant qu’il m’en souvienne, avait pour titre : L’Anglais ne triomphe que pour sauver.
Il le chanta d’un bout à l’autre avec une assez belle voix de basse.
Les assistants s’y joignirent en chœur et applaudirent vigoureusement quand il eut fini.
— Bravo, monsieur Stone, dit-il, vous avez un doigté excellent et je sais ce que je dis quand je parle de musique. Cramer, de l’Opéra, disait l’autre jour qu’il aimerait mieux me céder son bâton qu’à n’importe quel autre amateur d’Angleterre. Hello ! Voici Charlie Fox. C’est bien extraordinaire.
Il s’était élancé avec une grande vivacité pour aller donner une poignée de mains à un personnage d’une tournure remarquable qui venait d’entrer.
Le nouveau venu était un homme replet, solidement bâti, vêtu avec une telle simplicité qu’elle allait jusqu’à la négligence.
Il avait des manières gauches et marchait en se balançant.
Il devait avoir dépassé la cinquantaine et sa figure cuivrée aux traits durs était déjà profondément ridée, soit par l’âge, soit par les excès.
Je n’ai jamais vu de traits où les caractères de l’ange et ceux du démon soient si visiblement unis.
En haut c’était le front haut, large du philosophe ; puis des yeux perçants, spirituels sous des sourcils épais, denses.
En bas était la joue rebondie de l’homme sensuel, descendant en gros bourrelets sur sa cravate.
Ce front, c’était celui de l’homme d’État, Charles Fox, le penseur, le philanthrope, celui qui rallia et dirigea le parti libéral pendant les vingt années les plus hasardeuses de son existence.