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jim harrison, boxeur

homme ne fut moins fait que lui. Mais cela doit rester entre nous, mon neveu, et maintenant, vous allez venir avec moi, et vous vous formerez vous-même une opinion.

Notre promenade fut assez courte et cependant elle prit quelque temps, car mon oncle marchait avec une grande dignité, tenant d’une main son mouchoir brodé et de l’autre balançant négligemment sa canne à bout d’ambre nuageux.

Tous les gens, que nous rencontrions, paraissaient le connaître et se découvraient aussitôt sur son passage.

Toutefois, comme nous tournions pour entrer dans l’enceinte du pavillon, nous aperçûmes un magnifique équipage de quatre chevaux noirs comme du charbon que conduisait un homme d’aspect vulgaire, d’âge moyen, coiffé d’un vieux bonnet qui portait la trace des intempéries.

Je ne remarquai rien, qui pût le distinguer d’un conducteur ordinaire de voitures, si ce n’est qu’il causait avec la plus grande aisance avec une coquette petite femme perchée à côté de lui sur le siège.

— Hallo ! Charlie, bonne promenade que celle qui vous ramène, s’écria-t-il.

Mon oncle fit un salut et adressa un sourire à la dame.

— Je l’ai coupée en deux pour faire un tour à Friar’s Oak, dit-il. J’ai ma voiture légère et deux nouvelles juments de demi-sang, des bai semi-Cleveland.

— Que dites-vous de mon attelage de noirs ?

— Oui, sir Charles, comment les trouvez-vous ? Ne sont-ils pas diablement chics ? s’écria la petite femme.

— Ils sont d’une belle force, de bons chevaux pour l’argile du Sussex. Les pâturons un peu gros à mon avis. J’aime à faire du chemin.