Mais il ne reçut pas de réponse.
Le siège de derrière était vide. Plus d’Ambroise.
Nous pouvions à peine en croire nos yeux, quand nous mîmes pied à terre : il en était pourtant ainsi.
Ambroise était certainement monté à sa place, là-bas à Friar’s Oak, d’où nous étions venus d’un trait, à toute la vitesse que pouvaient donner les juments. Mais en quel endroit avait-il disparu ?
— Il sera tombé dans un accès, s’écria mon oncle. Je rebrousserais chemin, mais le Prince nous attend. Où est le patron de l’hôtel ? Là, Coppinger, envoyez-moi votre homme le plus sûr à Friar’s Oak. Qu’il aille de toute la vitesse de son cheval chercher des nouvelles de mon domestique Ambroise ! Qu’on n’épargne aucune peine ! À présent, neveu, nous allons luncher. Puis, nous monterons au pavillon.
Mon oncle était fort agité de la perte de son domestique, d’autant plus qu’il avait l’habitude de prendre plusieurs bains et de changer plusieurs fois de costume, pendant le moindre voyage.
Pour mon compte, me rappelant le conseil de ma mère, je brossai soigneusement mes habits, je me fis aussi propre que possible.
J’avais le cœur dans les talons de mes petits souliers à boucles d’argent, à la pensée que j’allais être mis en la présence de ce grand et terrible personnage, le Prince de Galles.
Plus d’une fois, j’avais vu sa barouche jaune lancée à fond de train, à travers Friar’s Oak. J’avais ôté et agité mon chapeau, comme tout le monde, sur son passage, mais, dans mes rêves les plus extravagants, il ne m’était jamais venu à l’esprit que je serais appelé un jour à me trouver face-à-face avec lui et à répondre à ses questions.