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À LA RECHERCHE DU SEIGNEUR DU CHÂTEAU-NOIR
On avait eu soin de prévenir le paysan dénonciateur qu’en cas d’embuscade, le premier coup de feu sérait pour lui. Derrière, les fantassins s’avançaient péniblement dans l’obscurité (p. 224, col. 2).


Le Seigneur du Château-Noir

Nouvelle, par CONAN-DOYLE


Ce n’est pas sur les seuls terrains de carnage qu’on peut se rendre compte des horreurs de la guerre. Quand sur les champs de bataille les cris des blessés se sont tus, les haines se lèvent effroyables, et une autre guerre commence, guerre sournoise, sans merci, guerre de partisans qui, froidement, vengent leurs affronts et leurs morts. C’est une de ces lugubres histoires, à la fois fantastique et réelle, que fait revivre devant nous la nouvelle — inédite chez nous — du célèbre écrivain Conan-Doyle.



Depuis un mois, les Prussiens victorieux campaient aux Andelys et le sol du pays normand résonnait sous la botte de l’envahisseur. Un découragement sans nom avait succédé à la fièvre des premiers jours et le pays demeurait morne, écrasé de douleur et de honte. Cependant les soldats allemands qui allaient et venaient par les rues de la ville n’avaient pas l’insolente joie du triomphe : une sorte de terreur régnait dans toute la contrée.

Presque chaque soir, en effet, des sentinelles isolées étaient assassinées et, le lendemain, on les trouvait mortes dans un champ, la tempe trouée d’une balle, ou bien encore des patrouilles envoyées en reconnaissance ne revenaient jamais dans les lignes prussiennes.