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d’un certain âge, Monsieur Purvis, l’un des associés de la grande bijouterie Morson et Cie, lequel assistait généralement la police comme expert en pierres précieuses. Tous les trois se groupaient autour de la vitrine où figurait d’ordinaire le pectoral du grand prêtre juif. Le pectoral, retiré de la vitrine, avait été placé au-dessus ; et je voyais se pencher sur lui les trois têtes.

— Il porte des traces de manipulation très apparentes, disait Mortimer. Cela m’a sauté aux yeux ce matin en traversant la salle. Je l’avais encore examiné hier soir. Donc, la chose a eu lieu, sans aucun doute, la nuit dernière.

Comme disait Mortimer, le pectoral portait en effet, les marques visibles d’une manipulation. Les montures des quatre pierres formant la rangée supérieure — cornaline, péridot, émeraude et rubis — étaient inégales et déchiquetées comme si on les eût grattées à l’entour. Les pierres restaient en place ; mais le travail d’orfèvrerie que nous admirions quelques jours auparavant avait subi un grave dommage.

— On dirait, opina l’inspecteur, que quelqu’un a essayé d’enlever les pierres.

— Ma crainte, répondit Mortimer, c’est que non seulement on l’ait essayé, mais qu’on y ait réussi. Je crois que ces pierres ne sont que d’adroites imitations substituées aux originaux.

Le même soupçon avait dû venir à l’expert : car il avait soigneusement vérifié à la loupe les quatre pierres ; et il les soumettait maintenant à diverses épreuves. Enfin, il se tourna joyeusement vers Mortimer.

— Mes compliments, Monsieur, dit-il. J’affirme que ces quatre pierres sont bien des originaux, et de la plus exceptionnelle pureté.

Un peu de couleur revint aux joues pâles de mon ami, qui poussa un long soupir d’aise.

— Dieu soit loué ! Quel but avait donc le voleur ?


JE FUS RÉVEILLÉ D’UNE FAÇON ÉNERGIQUE AUTANT QU’INSOLITE (p. 45)