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tée ! quel sort m’attendait ! À quelle vie de malheurs n’étais-je pas condamnée si le ciel ne m’eût donné le courage de fuir !

Je pardonne à mon père les maux qu’il m’a causés et ceux que je souffrirai encore. Jamais je n’ai osé le tromper sur mes sentiments. Dans le temps même que j’attendais de mes aveux les plus terribles châtiments, je courais l’instruire de l’état de mon âme ; cette sincérité a malheureusement tourné contre moi. J’en ai cependant retiré le fruit d’avoir conservé mon âme pure et un cœur éprouvé à mon amant. C’est à présent, ma mère, que je reconnais la vérité de ces paroles de l’Évangile, que vous me lisiez chaque jour : « L’épouse abandonnera son père et sa mère pour suivre son époux. » Oui malgré les liens sacrés que la nature m’avait imposés, malgré