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VI

hommes lettrés, on n’en trouvera pas dix qui ne soient possédés de fureur pour les productions européennes ; et à peine en rencontrera-t-on mille qui liront avec plaisir le travail d’un de leurs concitoyens, de quelque genre qu’il soit. On pourrait même dire qu’il y a plus que du préjugé contre ce qui est indigène,… qu’il y a une véritable antipathie. Ceci semblera peut-être outré ; mais une expérience, acquise les listes de souscription à la main, peut parler ici hautement. Il est naturel que la lecture des meilleurs écrivains français ait établi une trop grande différence entre eux et nos écrivailleurs pour nous permettre d’avoir autant de confiance en ces derniers. Mais nous avons rencontré quelques uns de ces dilettantissimis, qui, pour avoir vu Paris, ne regardent plus les efforts de leurs concitoyens qu’avec une grimace de dédain. On dirait à les voir qu’ils n’ont plus qu’à goûter le miel parisien qu’ils viennent de sucer et qui afflue encore sur leurs lèvres délicates. Nous ne pourrions dire ce qu’il y a de plus charmant à admirer chez eux, de leur ton fat et mielleux, ou