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XV

bien que vous auriez pu faire à votre semblable. »

Nous avouons encore l’utilité de cette étude pour tout homme. Mais le vieillard à qui l’âge n’a pas laissé de dents, ne peut plus goûter les fruits dont la dureté fait l’envie des jeunes mâchoires. Il est un aliment pour chaque âge, il y a encore plus un goût et une occupation pour chaque période de la vie.

Quel est celui qui, avec toute la vigueur et la légèreté de ses dix-neuf ans, s’en fermera dans un cabinet pour calculer la marche des empires et les vicissitudes des choses humaines ; qui recherchera avec opiniâtreté les principes erronés d’une constitution pour en démasquer les vices et montrer une meilleure voie. Plus malheureux encore que Phaëton, il sombrerait bien vite sous les ténèbres de l’éclipse. Car ce n’est pas tout d’étudier, il faut produire. Le jeune homme surtout s’instruit moins pour soi-même que pour faire étalage de ses connaissances. Faudrait-il le blâmer pour cela ? Un sage et savant moderne disait : « J’aimerais mieux être brute qu’a-