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les apprentis de l’armurier

compagnon. Avec lui elle pourrait parler de Guy, et le voyage lui semblerait moins long.

En attendant elle interrogeait avidement Douce sur les faits et restes de son cher enfant.

Était-il grand, robuste, beau et brave ?

La fillette répondait affirmativement sur les premiers points : Guy dépassait tous les enfants de son âge en taille et en vigueur ; il n’était point laid non plus, mais pour brave, nenni ! Il n’aimait pas plus qu’elle-même la guerre et les combats, et, sans son amitié pour son frère, il n’eût jamais consenti à apprendre un métier brutal, qui le condamnait à vivre au milieu des épées et des lances.

— Il disait cela pour rire ou parce qu’il eût souhaité lui-même porter le heaume et la cuirasse des chevaliers, insistait la comtesse.

Mais la petite fille secouait la tête :

— Non ! Guy était sincère : il détestait les joutes et les tournois qui passionnaient Gaultier, et répétait en haussant les épaules :

« Ils seront bien avancés quand ils se seront éborgnés ! »

— Hélas ! murmurait la noble dame, l’éducation fait donc plus que la naissance ; et, élevé parmi les agneaux, le lion perd donc ses griffes et ses dents !

Douce, remarquant que ce sujet attristait la malade, s’abstint d’y revenir et ne lui parla plus que de la bonté, de la gaieté et de toutes les qualités de son regretté ami d’enfance.

— Et physiquement, me ressemble-t-il ? demandait la pauvre mère ; je l’ai à peine entrevu derrière son compagnon. Est-il brun comme, lui ?

— Non, madame ; il est blond, très blond, avec des yeux bleus.