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les apprentis de l’armurier

— Si, mais ils se trouvaient sans doute trop riches pour travailler.

— Leur grand’mère leur avait donc laissé un gros héritage ?

— Oui ; ils s’en sont cachés, pour apitoyer le monde et mon oncle ; mais moi, je sais qu’ils emportent une bourse pleine d’or : je l’ai vue !

— Une bourse ? interrogea vivement le moine, et peut-être aussi des papiers ?…

Oui, un rouleau, tout cela était renfermé dans le rouet de la vieille.

— Et que sais-tu encore ? Quel chemin ont-ils pris ? Où vont-ils ?

— À Paris, rejoindre un oncle dont, par parenthèse, on n’avait jamais entendu parler, auparavant… Ils disent cela ; mais moi… je crois autre chose…

— Que crois-tu, dis ?

Hugonet ne répondit pas.

— Te défies-tu de moi ? Ma robe te garantit que je ne veux pas de mal à tes amis.

— Ce ne sont pas mes amis, grommela le jeune drôle avec un accent de haine qui parut faire un sensible plaisir à son interlocuteur.

— Ouais ! Alors nous ne nous en entendrons que mieux. Parle hardiment ; dis-moi tout ce que tu sais : tu y trouveras ton compte de toutes les façons…

Convaincu par le regard sombre qui s’échappait des plis du capuchon de bure, Hugonet n’hésita plus.

— Eh bien, un soir, dit-il, en passant devant leur chambre, j’ai entendu les mots d’ « empereur », de « Marguerite » et, par le trou de la serrure, j’ai aperçu Gaultier aux genoux de son frère, lui parlant comme à un vrai seigneur, en l’appelant