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les apprentis de l’armurier

— C’est bien la monnaie du comte Baudouin, murmura-t-il en dévisageant les deux enfants et semblant hésiter à intervenir.

Enfin se décidant brusquement :

— Laissez donc ces garçons tranquilles, mon hôte, dit-il ; leur récit est vraisemblable : je m’en porte garant. Je suis armurier moi-même et je prends mes jeunes confrères sous ma protection. Servez-nous donc un bon dîner ; c’est moi qui régale, et fermez cette porte qui me gèle les jambes.

L’aubergiste, charmé de la tournure, profitable à ses intérêts, que prenait l’incident, s’inclina obséquieusement devant ce riche et généreux client, tandis qu’il faisait asseoir à sa table les pauvres orphelins, enchantés de l’aubaine.

Un repas succulent, arrosé de copieuses rasades, acheva la connaissance. Maître Pierre (c’était le nom de l’étranger) interrogea avec bienveillance ses jeunes compagnons sur leurs projets, et sur le but de leur voyage.

Guy lui répéta la fable inventée par dame Véronique au sujet de l’oncle de Paris.

— Alors vous comptez faire seuls ce long chemin ? À chaque instant vous serez arrêtés par des aventures dans le genre de celle-ci, et je ne serai pas toujours là pour vous en tirer… Faisons une chose : je retourne à Paris où je suis établi, je n’aime pas voyager seul, et, ma foi ! puisque vous me plaisez, faisons route ensemble ! Je vous défrayerai de tout, et, si nous sommes contents les uns des autres, et que, par hasard, vous ne trouviez pas le parent que vous allez chercher, eh bien, vous entrerez à mon service et j’aurai de la besogne à vous donner.

La proposition était trop avantageuse pour être discutée, pourvus d’un chaperon si respectable, nos voyageurs éviteraient tout désagrément, aussi acceptèrent-ils avec recon-