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louison

nous n’avons pas fait la chose par intérêt et un simple merci suffit.

All right ! murmura l’Anglais…

— Quand allez-vous nous la prendre, monsieur ? dit la fermière qui embrassait la fillette en pleurant.

— Tout de suite, s’il vous plaît, madame ; le paquebot quitte le Havre après-demain.

— Ah ; mon Dieu, si vite !…

C’était une désolation générale ; Louison poussait les hauts cris…

— Je ne veux pas m’en aller, je veux rester avec Claude, répétait-elle en se cramponnant aux meubles.

— Écoute, Louison, dit enfin le petit garçon, le cœur bien gros ; sois raisonnable ; obéis à ton oncle, et, quand je serai grand, j’irai te retrouver en Amérique…

Au moment de monter en voiture, un jeune chien vint sauter après la petite fille.

— Noiraud, mon cher Noiraud, disait-elle en l’embrassant ; laissez-moi l’emmener.

— Soit, dit l’Anglais, combien ?

— Rien du tout, monsieur ; nous le donnons bien volontiers à notre chère petite…

— C’est ça, emmène-le, Louison ; il te connaît autant que moi et il te rappellera la ferme…

Le surlendemain, Noiraud voguait sur l’Atlantique, en compagnie de sa petite maîtresse… et tous deux encore, quelques années après, le traversaient de nouveau, accompagnant l’oncle Scherer qui venait se fixer définitivement à Paris.

Noiraud était devenu Black ; Louison mademoiselle Louise, et elle avait oublié la ferme des Saules et les amis des mauvais jours.