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louison

— Alors c’est que ce garçon est de vos amis, dit malicieusement une autre petite fille.

— Est-ce que je connais ces gens-là ? répondit dédaigneusement la nièce du banquier.

Le jeune garçon qui s’approchait, sa casquette à la main, entendit sans doute ces paroles, car il s’arrêta, rougit, et, renvoyant le chien, il s’enfonça dans un massif et disparut, tandis que Louise retenait Black prisonnier par son collier.

Un instant après, tenant toujours l’animal en laisse, elle regagnait son coupé avec son institutrice, quand elle crut entendre une voix murmurer à son oreille :

— Louison !

Elle se retourna brusquement et ne vit personne ; la gouvernante n’avait rien entendu ; Black, seul, tirait sur sa chaîne en aboyant…

Louise ne dit rien, mais toute la journée, elle fut triste et préoccupée, et la nuit elle eut un rêve singulier.


✽ ✽

Elle se retrouvait, plus jeune de cinq ans, au temps où elle n’était pas Mlle Scherer, mais seulement la petite Louison…

Elle suivait en pleurant le cercueil de sa mère qui, elle, suivait dans la tombe son mari, mort dans l’incendie de sa ferme.

Quand la dernière pelletée de terre fut tombée sur l’humble bière, l’enfant, seule, sans asile désormais, resta à genoux sur l’herbe verte, appelant tout bas :

— Maman !

— Viens avec nous, ma petite Louison, dit une douce voix ; tu remplaceras notre Jeannette, qui est maintenant au Paradis, et tu seras la sœur de Claude.