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les marrons du feu

restez là tous les deux, que je rectifie quelque chose à la pose. »

Ils ne se font pas prier, et, radieux, épanouis, la main dans la main et les yeux dans les yeux, suivent leur beau rêve étoilé, sans soupçonner celui qui s’écroule là, derrière cette toile.

 

« C’est fait, venez voir !… »

Ils accourent :

« Oh ! bon ami !

— Oh ! monsieur ! »

Confuse, rougissante, Madeleine s’est jetée dans ses bras, tandis qu’Antoine lui serre la main à la briser.

Levers a remplacé son propre portrait par celui du jeune homme, et au-dessous a tracé ce titre : « Les fiancés. »

 

« Vous savez, le vin est tiré, crie le père Duford impatienté…

— Si le vin est tiré, il faut le boire », répond gaiement le vieil artiste.

 

Ça été la dernière déception de Pierre Levers.

Après tout, est-ce bien une déception ?

On pourrait en douter à le voir, berçant le premier-né des jeunes époux, qu’il appelle orgueilleusement « mon petit-fils ! »