ne savait plus que lever les bras au ciel lorsqu’on l’interrogeait ironiquement sur cette merveille des merveilles, sur cette perle rare, comme elle l’appelait jadis.
Bientôt la vie ne fut plus tenable et la bonne dame, dont la patience était la moindre des vertus, se décida à renvoyer sa fille adoptive à sa grand’mère, la priant de l’en débarrasser à tout prix.
Celle-ci ne savait trop si elle devait se désoler ou se réjouir, mais quand sa mignonne lui sauta au cou, elle se décida pour ce dernier parti et ne trouva pas moyen de la gronder autrement qu’en l’embrassant.
Au reste Jeannine ne répondait pas le moins du monde au portrait peu flatteur qu’en avait tracé sa protectrice : douce, laborieuse, elle édifiait même le recteur qui faisait le catéchisme, par sa piété et sa sagesse.
C’était à n’y rien comprendre…
Enfin, le jour de la première communion, la mère Yano eut le mot de l’énigme.
Comme elle s’écriait, en la contemplant les yeux humides :
— Je ne croirai jamais qu’un bel ange blanc comme toi ait pu être un méchant démon.
— Pardonne-moi, grand’mère, mais c’était le seul moyen de revenir près de toi…
Le même jour, Mme Durandel reçut une lettre bien respectueuse de son ex-fille adoptive qui lui confessait sa pieuse fraude et lui demandait pardon.
Mais la veuve n’était pas femme à comprendre le noble sentiment filial de la petite Bretonne ; elle ne lui pardonna pas, et quand on l’interroge malignement sur l’enfant à qui elle témoignait jadis une si vive tendresse, elle répond aigrement :
— Ne m’en parlez pas, c’est une petite ingrate !