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les apprentis de l’armurier

La jeune reine, couronnée de roses, leva les yeux vers le cavalier qui la contemplait bouche bée.

Elle était si belle, si gracieuse sous son voile de dentelle et l’auréole de ses vingt ans, que Gaultier hésitait à reconnaître la mignonne, déjà joliette pourtant, qui écoutait les légendes de la bonne Véronique, assise à ses pieds sur son petit tabouret.

Elle, émue et troublée, n’osait nommer l’ami de son enfance qui, jadis, lui avait promis de la venir chercher sur un beau destrier.

Et pourtant !

Mais déjà Gaultier avait sauté à bas de sa monture, et courait à un petit vieillard à la barbe grise, mais au regard toujours vif et pétillant.

— Maître Lansac ! Mon cher maître !…

— Té ! c’est ce polisson de Guy ! Tu n’es donc pas mort !…

— Non ; qui donc vous a conté ces balivernes ?

— Mon neveu, Hugonet.

— Hugonet ! Ah ! par exemple !

Lejeune comte avait mis pied à terre ; il embrassa cordialement son ancien patron, salua Douce, rougissante, d’un beau compliment, donna congé à son écuyer jusqu’au lendemain, à la vive satisfaction de ce dernier, et continua sa route à la suite de l’archevêque.

Raymond Béranger reçut en grand honneur les envoyés du roi, il leur présenta sa fille aussi sage que belle, élevée dans la crainte de Dieu et les bonnes mœurs.

Il les logea dans son palais, s’entretint avec eux et en particulier avec le sire de Dampierre qui l’étonna par sa connaissance du pays.

Il lui en témoigna sa surprise, et lui demanda s’il y était jamais venu ?