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les apprentis de l’armurier

sagesse ; pendant toute la solennité, il répète dans son cœur ces paroles de David :

« Mon Dieu, j’ai élevé mon âme vers vous, c’est en vous que j’ai mis toute ma confiance. »

On n’attend plus que la Sainte-Ampoule, envoyée du ciel pour le sacre de Clovis, et conservée précieusement au tombeau de saint Rémi.

Le grand prieur l’y est allé quérir et l’apporte à cheval, sous un dais d’argent, soutenu par quatre barons que l’on appelle « les chevaliers de la Sainte-Ampoule ».

À la porte de la cathédrale, l’archevêque la reçoit et promet de la rendre fidèlement après la cérémonie.

Deux pairs ecclésiastiques présentent le roi à l’assemblée ; puis il prête serment sur les Évangiles et prend en main l’épée de Charlemagne qu’il remet ensuite au pair désigné à cet effet.

À cet instant, Jeanne se penche en avant, cherchant à reconnaître son époux.

À l’appel de son nom, le comte de Flandre s’est avancé d’un pas ferme, mais il n’a ni la taille, ni l’âge, ni la démarche de Ferrand, et comme il se redresse, tenant l’épée la pointe levée, un double cri, cri de joie et cri de terreur, s’échappe de la poitrine des deux sœurs et se perd au milieu de l’acclamation générale, saluant le nouveau roi.

Ce n’est pas le comte Ferrand.

C’est l’empereur Baudouin !

 

Tandis qu’on le croyait mort depuis longtemps, le comte vieillissait au fond des prisons des Bulgares, n’attendant la fin de sa captivité et de ses misères qu’avec celle de sa vie, lorsqu’une révolution de palais renversa le sultan et rendit la liberté à tous les captifs.