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les apprentis de l’armurier

— Cette preuve existe, tu la portes sur ton cœur et rien ne peut l’effacer. Voudriez-vous dire, madame, quel signe votre fils, avait sous le sein gauche ?

— Le même que son père, répondit vivement Marguerite, cinq petites lentilles formant une croix.

— Oui, oui, c’est la marque héréditaire de notre maison, ajouta la douairière…

Plus prompt que la pensée, Guy écarta le pourpoint et la chemise de son ami :

— Voyez, dit-il, triomphant.

— Mon fils ! s’écria la comtesse avec un véritable élan maternel.

Mais, lui, résistait encore, n’était pas convaincu et ne voulait pas céder.

Guy tira de son habit le scapulaire de dame Véronique, et le décousant, en retira un billet qu’il lut à haute voix :

« Craignant pour le fils de ma chère maîtresse la haine de ses implacables ennemis, je l’ai élevé sous le nom de mon petit-fils Gaultier à qui j’ai donné le sien.

« Le légitime héritier des comtes de Flandre est reconnaissable à un signe en forme de croix qu’il porte sur la poitrine comme tous les Dampierre. »

— Là ! es-tu convaincu ?

— Je suis vaincu ! tu es plus que mon seigneur et mon maître, tu es mon ami, mon frère. Oncques ne vit jamais dévouement semblable au tien et je supplie ma mère de ne pas nous séparer dans son cœur.

La noble dame ouvrit ses bras aux deux enfants et les embrassa avec la même tendresse.

— Par tous les saints, madame, dit le vrai Gaultier en riant, je crois que vous nous aimerez mieux ainsi.

La douairière elle-même daigna s’humaniser, et donner