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les apprentis de l’armurier

sistance dont elle eût été fière ; mais cette indifférence l’irritait, et elle qui, tout à l’heure, l’exhortait à céder, en arrivait plaider contre elle-même.

— Réfléchissez bien, mon fils, c’est vous condamner à un labeur obscur.

— Je ne le crains pas.

— Renoncer à porter l’épée…

— C’est pénible, mais un mort, l’épée au côté, me semble inférieur à un vivant armé de ses deux poings.

— Vous êtes plein de sagesse, beau neveu, dit ironiquement la comtesse, et votre mère est heureuse d’avoir un fils si prudent.

Le rouge monta au visage de Marguerite ; elle repoussa le jeune garçon, et d’une voix étouffée :

— Faites ce qu’il vous plaira, mon fils ; je ne saurais vous donner un conseil.

— Alors, belle tante, finissons-en, car je tiens à sortir d’ici. Que dois-je faire ?

— Signer ce parchemin, par lequel vous reconnaissez être un imposteur et n’avoir aucun droit à l’héritage des comtes de Flandre.

Guy parcourut rapidement la formule et prenant la plume :

— Allons ! dit-il avec un sourire singulier, en évoquant le souvenir de sa royauté éphémère de la Victoire, déposons donc la couronne une seconde fois.

— Maintenant, jurez l’un et l’autre, sur ces saintes reliques, d’observer fidèlement ce pacte, dit la comtesse en leur montrant une châsse de vermeil, renfermant un morceau de la vraie Croix.

— Jurez, ma mère, dit le jeune comte, prévenant un mouvement de révolte de Marguerite : jurez.