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les apprentis de l’armurier

droits, à peine s’il reste un moyen de sauver ta vie ; mais celui-là, quoiqu’il t’en coûte, quoiqu’il répugne à ta fierté, je te conjure de ne pas le repousser pour l’amour de moi.

— Je suis votre fils soumis et respectueux, madame ma mère, et suis prêt à vous obéir, quelle que soit la chose que vous me commandiez.

— Non, je ne puis te dicter ta conduite, c’est à toi de décider selon ton honneur et ta conscience.

— Parlez, madame.

— On exige que tu renonces, au nom de ton père, à l’héritage de tes aïeux, que tu redeviennes un humble artisan, que tu retournes à ton établi, et que tu oublies le rêve de grandeur, de fortune et de gloire, qu’imprudemment, hélas ! j’ai fait passer devant tes yeux.

— Et ce faisant ?…

— Vous serez libre et pourrez vivre heureux, mais ignoré, avec votre mère.

— Et si je refuse ?…

— C’est la mort.

— Bon ! au moins, avec vous, belle tante, on sait à quoi s’en tenir… Et vous me conseillez d’accepter ces conditions, madame ma mère ?

Elle baissa la tête, heureuse, sans doute, dans son angoisse maternelle, de voir la résignation placide de son fils, mais humiliée dans son orgueil.

Comment ! le sang d’empereur qui coulait dans ses veines ne se révoltait pas à cette insultante proposition !

Comment ! son fils, le fils du brave Dampierre, se laissait dégrader sans murmure !

Elle se taisait, n’osant prononcer…

Devant un refus indigné, elle eût employé toute son influence, usé de toute son autorité pour vaincre une ré-