Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
les apprentis de l’armurier

je reste auprès de ta mère, pour veiller sur elle jusqu’à ton arrivée.

— Ouf ! soupira Guy en tendant ses deux mains à l’esclave impassible, je n’ai jamais éprouvé tant de joie à voir ta figure, et si tu désires quelque chose, demande hardiment.

Kadour secoua la tête, et, prenant le billet de Gaultier, il le posa sur ses lèvres et sur son cœur, indiquant ainsi qu’il avait agi par dévouement ; puis, le rendant à son propriétaire, il s’inclina gravement et sortit !

Avec quelle impatience le jeune comte attendit la nuit ! Que la journée lui parut longue et monotone ?

Il n’entendit pas un mot des discours prononcés au Conseil, passa ses troupes en revue sans les voir, et oublia même d’avoir peur à cheval, ce qui lui valut les compliments du « rewart ».

Enfin la nuit vint.

Retiré de bonne heure dans son appartement, il s’occupa des préparatifs de sa fuite.

Armé de sa lime, il attaqua vigoureusement les barreaux, tout en ayant soin d’éviter le grincement du fer.

Bientôt un faible sifflement annonça la présence d’Harwelt, et, à peine avait-il déroulé l’échelle de corde que le faux pêcheur, gravissant lestement les échelons, suivi d’Hugonet, qui avait l’oreille basse et le regard inquiet d’un chien qu’on fouette.

— Ah ça ! est-ce pour monter ou pour descendre ? interrogea Guy d’un ton goguenard.

— On ne tient que deux dans la barque, expliqua Harwelt, et je vais laisser ce garçon ici ; il prendra votre place dans votre lit, de sorte que, si l’on vient, on ne s’apercevra pas de votre absence…