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les apprentis de l’armurier

— Trop tard ! gémit la comtesse.

Gaultier eut une soudaine inspiration :

— Ne craignez rien, madame, dit-il, et surtout, quoi qu’il arrive, ne vous montrez pas.

Dégringolant l’escalier, il jeta un ordre à l’hôtesse et vint s’asseoir en face de la bohémienne avec laquelle il échangea rapidement quelques mots.

Au même instant, la porte volait en éclats, des hommes d’armes se précipitaient sur lui et le garrottaient malgré sa résistance.

— Tu es bien le prétendu Guy de Dampierre, se disant comte de Flandre, interrogea le lieutenant d’un ton rude, en reconnaissant les armes de Flandre gravées sur son poignard.

— Oui, répondit fièrement Gaultier.

La bohémienne eut une sourde exclamation :

— Guy de Dampierre ! c’est bien cela ! répéta-t-elle tout bas, les yeux fixés sur le jeune homme.

— Bonne prise, fit l’officier en se frottant les mains ; si elle ne me vaut pas une compagnie !… Allons, en route !

Un instant après, le prisonnier disparaissait entre deux rangs d’hommes d’armes.

— Guy est sauvé ! Il embrassera sa mère, pensait le fidèle écuyer.

Et elle, tremblante, le front collé aux vitres, murmurait :

— Mon Dieu ! le retenir…, c’était livrer mon fils ! Je ne peux pas… et pourtant !