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les apprentis de l’armurier

— Lequel ?

— Je…, je ne sais pas encore… ; mais d’ici à demain… je trouverai.

Tout le jour il fut songeur, préoccupé, eut plusieurs conciliabules avec Kadour, s’informa exactement du lieu où se trouvait la comtesse Marguerite.

Le soir, quand son maître dont il partageait la chambre fut endormi, il se leva sans bruit, à la hâte, déposa sur son oreiller un billet d’une ligne pour rassurer le comte et lui annoncer son prompt retour, puis, s’agenouillant devant le grand lit seigneurial où Guy dormait du sommeil du juste, il invoqua pour lui la protection divine et se glissa au dehors…

Kadour l’attendait.

Silencieusement il ouvrit la lourde porte dont les verrous bien graissés ne crièrent même pas ; évita le corps de garde et, longeant les fossés, se dirigea du côté des remparts, suivi du jeune écuyer.

L’Arabe était un guide précieux ; ses yeux noirs, brillants comme des diamants, semblaient percer les ténèbres ; il devinait les moindres patrouilles, et, avec une souplesse féline, les évitait en s’aplatissant contre les murailles.

Son compagnon imitait tous ses mouvements, le cœur battant, tremblant d’être surpris.

Enfin, grâce à l’adresse et au flair du Maure, ils triomphèrent de tous les obstacles, passèrent entre les lignes ennemies, et parvinrent, au petit jour, à l’image Saint-Julien, misérable auberge dont le toit vermoulu et moussu se penchait sur la Deûle, comme s’il eût voulu y faire le plongeon.

Aux pas furtifs des voyageurs, la porte s’ouvrit et une femme parut.

— Est-ce toi, Jacques ? dit-elle avec inquiétude.