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les apprentis de l’armurier

Le lieutenant déplia le billet qu’on lui présentait et Harwelt, penché sur son épaule, lut avidement :

« Mon cher Guy, au nom de votre salut, ayez toute confiance dans mon messager.

« Votre mère,
« Marguerite »

Harwelt eut une exclamation de triomphe et, arrachant le billet des mains du lieutenant stupéfait :

— Par Saint-Georges ! cette fois nous tenons le louveteau et sa mère, s’écria-t-il avec un ricanement satanique.

Puis, s’adressant au pêcheur :

— Donne-moi tes habits, ordonna-t-il brutalement.

L’autre obéit aussi vite que lui permettait la terreur qui faisait claquer ses dents et trembler ses doigts.

— Bien. Maintenant branchez-moi ce drôle.

Avant que le malheureux eût eu le temps de protester, il se balançait à un arbre, la corde au col.

— Et celui-ci ? demanda l’officier en désignant Hugonet qui, terrifié par ce procédé sommaire, était demeuré immobile, sans voix, pétrifié par l’épouvante.

— Cela dépendra, répondit lentement Harwelt.

Le prisonnier tourna vers lui un regard effaré :

— Le moine ! bégaya-t-il, en reconnaissant enfin, sous le casque du chevalier, le visage sombre du franciscain.

— Ah ! tu as de la mémoire, mon drôle ! Eh bien ! tâche de graver mes paroles dans ta cervelle. Je veux bien t’épargner, pour le moment, le sort de ton compagnon ; mais, à la première incartade, je te plante mon poignard dans la gorge. Exécute donc scrupuleusement et intelligemment