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les apprentis de l’armurier

hères, soupçonnés d’espionnage et arrêtés au moment où ils se préparaient à remonter la Deûle en bateau.

L’un était un vieux pêcheur, l’autre un jeune garçon dans lequel ; à sa profonde stupéfaction, Harwelt reconnut l’apprenti qui lui avait appris le départ de Guy et de Gaultier, alors que, sous des habits de franciscain, il s’était présenté à la boutique de maître Lansac, l’armurier.

C’était en effet Hugonet en personne.

Le batelier, blême de terreur, protesta de son innocence, jurant qu’il ignorait ce qu’on lui voulait…

Il exerçait honnêtement son métier, sans prendre parti dans la querelle qui divisait ses compatriotes ; vendant son poisson à ceux de la ville comme à ceux du dehors.

Une dame qui était venue loger à son auberge (car il était en même temps pêcheur et aubergiste) lui avait demandé de la conduire à Lille avec son fils. Il avait refusé la mère, parce qu’une femme c’est embarrassant ; mais il conduisait le jeune homme quand on l’avait arrêté.

— Jolie défense ! dit l’officier en haussant les épaules… Et toi, qu’est-ce que tu as à dire ? ajouta-t-il en poussant du pied le second prisonnier qui, prosterné devant lui, poussait des gémissements à faire fendre l’âme, en invoquant tous les saints du paradis. Quel est ton nom ?

— Hugonet, mon bon seigneur.

— D’où viens-tu ?

— De la Provence…

— Qu’est-ce que tu viens faire ici ?

Hugonet commença son histoire, emmêlant son oncle, la mendiante, la fête de Maye, Guy, Gaultier et s’embrouillant de plus en plus sous le regard terrible du lieutenant.

— N’a-t-on rien trouvé sur lui ?

— Faites excuse, mon officier.