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Elle le trouvait paresseux ; elle lui reprochait de manquer de tenue et de se familiariser avec

    voisin et ami Adolphe Duplomb, et que M. Charles Duplomb a bien voulu nous communiquer,

    « Nohant, 23 juillet 1850.

    Vous avez donc bien peur de moi, mon pauvre Hydrogène ? Vous vous attendez à une belle semonce et vous ne comptiez pas sans votre hôte. Mais patience ! Avant de vous laver la tête comme vous le méritez, je veux vous dire que je se vous oublie pas et que j’ai été très fâchée, en revenant de Paris, de trouver mon grand nigaud de fils parti. J’étais habituée à votre face de carême et la vérité est qu’elle me manque beaucoup. Ce n’est pas que vous n’ayez beaucoup de défauts, mais, après tout, vous êtes bon enfant et, avec le temps, vous deviendrez raisonnable. Pensez quelquefois, mon cher Plombeus, que vous avez des amis. Quand ce ne serait que moi, c’est beaucoup, parce que je suis solide au poste de l’amitié, quoique je n’aie pas l’air tendre. Je ne suis pas très polie non plus ; je dis durement la vérité : c’est mon caractère. Mais je tiens bon et l’on peut compter sur moi. Rappelez-vous de ce que je vous dis là (sic), parce que je ne vous le dirai pas souvent. Rappelez-vous aussi que le bonheur dans ce monde consiste dans l’intérêt et dans l’estime qu’on inspire, et je ne le dis pas à tout le monde, c’est impossible, mais da moins à un certain nombre d’amis. On ne peut trouver son bonheur en soi-même entièrement, à moins d’être égoïste, et je ne pense pas assez mal de vous pour vous soupçonner de l’être. L’homme qui n’est aimé de personne, est misérable, celui qui a des amis craint de leur faire de la peine en se conduisant mal. C’est donc pour vous dire, comme dit Polyte, que vous devez travailler à prendre une conduite rangée, si vous voulez me prouver que vous n’êtes point ingrat à l’intérêt que je vous porte. Vous devriez vous défaire de ce mauvais genre de vanterie que vous avez pris avec des écervelés comme vous. Faites ce que votre fortune et votre santé vous permettent, sans compromettre l’honneur ou la réputation d’autrui. Je ne vois pas qu’un garçon soit obligé à la continence comme une religieuse. Mais taisez-vous sur vos bonnes ou mauvaises fortunes. Ces sots discours sont toujours répétés