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Grand’bête ! Le soir, elle entend, à la veillée, les récits du chanvreur. Ainsi, la poésie champêtre imprégnait cette âme neuve. Et c’était toute la poésie champêtre : celle qui vient des choses, de la fraîcheur de l’air et du parfum des fleurs, mais celle aussi qui réside dans la simplicité des sentiments et dans cette naïveté émerveillée devant les spectacles de la nature, restés les mêmes et aussi incompréhensibles qu’aux premiers temps du monde.

Cependant l’antagonisme des deux mères se continuait.

Je ne vous en retracerai pas les épisodes ; mais je dois vous en indiquer les conséquences.

La première fut d’aviver l’intelligence de l’enfant par l’effet du dédoublement. Entre ces deux milieux et ces deux états d’esprit si différents, celui de sa grand’mère et celui de sa mère, et obligée de passer sans cesse de l’un à l’autre, elle les comprend et les apprécie en les opposant. Elle est tour à tour en dehors de chacun d’eux : elle peut en apercevoir les travers, les lacunes, les défauts, les mérites aussi et les avantages.