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VIII
INTRODUCTION.

anciennes formules et la témérité de formules nouvelles dont on a fait déjà, en les outrant, des formules usées ? Est-il vrai qu’il n’y ait que confusion dans les théories, et dans les œuvres que tendances incohérentes ? Je pense, au contraire, qu’à travers les manifestations d’art les plus significatives de ces derniers temps, il est aisé de voir se former un courant, chaque jour plus intense, assez fort déjà pour porter de grandes œuvres et qui va justement dans le sens du progrès régulier de notre théâtre.

Pour s’en rendre compte, il est nécessaire de se rappeler comment s’est opéré le progrès au théâtre en notre siècle. C’est du théâtre de Scribe que tout est parti. Car, outre que Scribe a longtemps régné en maître sur les auteurs et sur le public, c’est par réaction contre son autorité que se sont faites par la suite toutes les innovations : en sorte que, acceptée ou combattue, son influence s’est fait jusqu’aujourd’hui partout sentir. Doué jusqu’au prodige de tous les dons particuliers à l’homme de théâtre, et dénué de tous les autres, Scribe est arrivé à faire du théâtre un art spécial qui se passe des sentiments, des idées et des caractères. Il en a fait une forme vide. Après Scribe, le progrès a consisté uniquement à faire rentrer dans le