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et entrain, ayant resserré sa ceinture, — une simple corde — autour de ses reins. Et cette journée pénible et sans pain, ne fut pas d’un rendement moindre à celle du meilleur homme de la paroisse.

Un mois après sa journée de travail et de faim, Moïse, sur la même grève de sable jaune, sciait, à la scie de long, un énorme plançon de chêne, avec Francis Grenier ; il était trois heures de l’après-midi : On y était, tout de bon, la scie sonnait comme une cloche. Francis Grenier ne connaissait pas la fatigue ; Moïse Joessin était en bonne condition, santé parfaite, la boisson, le pain et la viande pris en ration suffisante et aux heures régulières répandaient dans son corps et dans ses nerfs comme des élixirs de Jouvence, des courants de force électrique. Le fleuve était sous un jour délicieux et chaud.

Soudain, un colosse interpella nos deux travailleurs acharnés, du haut de la côte : tête énorme,