Page:Doucet - Campagnards de la Noraye (d'après nature), 1918.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 87 —

grain qu’en orgueil, cette terre noire ne donne que de la paille, il n’y a d’intéressant pour les enfants que le grand fossé qui la traverse où les têtards et les grenouilles se jouent, comme au temps d’un simple et bon… La Fontaine.

À deux arpents du chemin de ligne, et parallèle à celui-ci, passe encore, mais inutile, l’ancien chemin de fer abandonné de l’Industrie, aujourd’hui Joliette. J’ai vu bien des fois une locomotive à la cheminée large de tête, et corcée du bas, traînant à sa suite un modeste train au bruit de ferraille : d’un sifflet à vapeur sortait un cri grêle et désuet ; d’une machinerie branlante, activée d’un feu de bois pleins d’étincelles, sortaient des pif paf secs comme des commandements de sectaires : c’était comme la voix d’un progrès sûr de lui-même, mais incertain d’être cru de la campagne qu’il traversait.

Et j’étais alors si jeune, si petit, que croyais que ce train criard suivait le chemin de ligne au lieu de sa voie ferrée.