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L’année suivante, l’homme frugal et à grande mémoire revenait à Lanoraie, conne il l’avait promis en se séparant de ma grand’mère et de toute la famille ; « Je reviendrai, mais je ne pourrai plus discuter comme aujourd’hui. »

Louis Durand, l’année suivante, revenait à Lanoraie dans sa tombe.

La maladie n’avait pas été longue. Vers les trois heures il se plaignit à sa fille que sa pipe ne voulait plus fumer, que c’était pour lui signe de quelque chose de peu ordinaire. Il souriait en penchant la tête du côté gauche : « Je vais y aller encore ? » — « Où, allez voulez-vous aller ? » lui dit sa fille. — « À Lanoraie. »

— « Vous n’attendrez pas que les bateaux marchent ? » — « ce n’est pas nécessaire absolument, il me semble. » Il se coucha lentement par terre.

Vous êtes malade, lui dit sa fille : elle lui parla du prêtre, il répondit qu’il avait fait ses Pâques, ses pauvres bras mourants s’étendaient en croix.