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seau emprunté chez Camille le fils de Louis Rondeau, lui servit à vider l’eau du puits, à l’aide d’un crochet de cèdre retrouvé sur la clôture du jardin.

À la grange, il posa, en pesant, les mains sur les mancherons de sa vieille charrue, puis il gagna le bout du champ, au bord du bois prochain où son livre, unique livre de cailloux, écrit par celui qui ne sut jamais écrire — et le livre, le tas de pierres était bien là, à moitié effacé sous des herbes mourantes ; il les comptait les recomptait, et chaque chiffre comportait des mots explicatifs. Camille Rondeau l’entendit qui disait : « Ce coin-là c’est le chapitre des premières années ; un, deux, trois, quatre, cinq, six et sept. Oui, c’est ça, mais il y en a d’enterrées des pierres et du monde aussi ; Sept : mort d’Élise ; six : mort de François-Xavier, cinq : mort de mon pauv’ petit garçon, je n’avais que lui ; quatre : l’arrivée de Monsieur le Curé Loranger ; trois, qu’est-ce