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AVANT-PROPOS


Ils ont passé comme les autres, mais dans leur personnalité absolue ; ils étaient simples, et les mots les plus simples soutiendront leur mémoire.

Le caprice ne m’a pas induit à écrire ces quelques pages, ni l’attrait d’un délassement, encore moins l’idée d’ajouter un petit livre aux feuilles de papier blanc que j’ai barbouillées avant aujourd’hui. Ceci est une dette de cœur envers la brave humilité d’un passé mort, mais pour moi toujours respecté.

Quand bien même je n’aurais pas pris l’habitude, habitude inoffensive d’ailleurs, dans le cours de ma vie, de jeter sur le papier les impressions et les images qui s’offraient à ma vue, j’aurais également essayé d’esquisser une étude des vieux en question, et ne fut-ce que dans ma mémoire, en mots très simples et naïfs, je les aurais conservés tels que l’existence les a faits. Ou plutôt, je ne dois pas dire je les aurais, mais bien je les ai conservés ; car mes souvenirs anciens me tiennent plus au cœur que les nouveaux, et ces figures me sont chères ; pourtant l’une d’elles est disparue lorsque j’étais au berceau, celle de mon grand’père ; aussi j’affirme moins sur sa vie, d’abord parce que je n’ai connu cet homme que sur la foi des autres, et ensuite, parce que, étant