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Bien oui, vous êtes monsieur Durand, moi je suis le garçon de Louis Doucet, de St-Henri d’où vous venez. »

« Ah ! bon. Saprégué, » avait-il prononcé, avec lenteur. Et vraiment, le vieux s’était ému ; après s’être informé de ma famille, il s’était informé de sa terre, était-elle bien, elle aussi. « Ma maison ? ma grange ? le puits ? Ah ! petit. Ah ! petit. Il n’y a pas longtemps que tu es venu au monde, c’est comme si c’était hier la veille de la Toussaint, ton grand’père vivait et nous étions voisins. Tu sais, c’est beau en ville, mais c’est beau à St-Henri, c’est bien beau. Ah ! Saprégué ! ici je suis bien, j’ai encore ma jument, je la flatte et je lui parle tous les matins. Ah ! Saprégué ! Je lui parle de tout ça, du temps passé. »

Enfin il n’y avait plus de doute, Louis Durand s’accommodait de tout ; après soixante-quinze ans de vie à la campagne il était évident qu’il se plaisait en ville. Les chemises de flanelle du