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mer que non, c’étaient des pauvres, leur femme lavait des fois pour les autres.

Alors par délicatesse, il ne nommait plus personne, mais il affirmait qu’il croyait que tous les journaliers devaient être bien riches, puisqu’il les voyait souvent entrer dans les « cantines » où les verres se paient par « des cinq sous à la fois. »

Louis Durand n’a jamais de sa vie dépenser un seul centin pour un verre de boisson. Il affirmait y avoir goûté une fois, et que c’était si mauvais, que quand même on lui eût payé vingt-cinq sous à la fois, pour chaque verre, par lui pris, il eût « préféré rester pauvre. » Plutôt que de boire, il eût mieux aimé ne pas manger ; « Car, disait-il, mourir pour mourir, je crois qu’il vaut mieux mourir de faim que de mourir de boisson. »

En 1801, au retour de mon premier voyage de navigation fait à Montréal, ma famille et des voisins s’informèrent de ce que j’avais vu en ville, ou