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ce jusqu’à son extrême vieillesse il était sûr que chaque jour que le ciel lui accordait était le plus beau de tous. Sans doute, il n’oubliait pas les absents ; sa vieille n’était plus là pour « l’aider à fumer. » mais il fumait, lui, une pipée de plus pour celle dont l’âme devait être de plus en plus contente, puisque, dans l’autre monde, comme sur la terre, on devrait de mieux en mieux comprendre son bonheur. Les morts avaient leur part de ses pensées et de ses prières. Et les vivants, non plus, ses anciens voisins, il ne les oubliait pas : c’était donc que sa vie avait été bonne parmi eux et par eux, puisque sur ses vieux jours, il mangeait du pain blanc, oui, du bon pain, bien blanc et bien cuit qui gardait, dans sa bonne senteur, comme un souvenir, une évocation des parfums des épinettes et des sapins du bord de sa belle savane, « laquelle était restée là-bas, comme de raison, à St-Henri, au bord du petit côteau, où le tas de pierres marquait l’histoire de sa vie, son livre de pierres. »