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quiétude, l’hiver pouvait durer à sa guise : l’on allumerait et l’on dormirait bien après avoir fait une bonne prière, le soir, à genoux, bien droit ; si des voisins venaient faire la veillée, on y était, mais après la prière bien faite et sans se retourner un seul instant. Monsieur Louis Rondeau a affirmé ce fait souvent devant moi. Après la prière on causait autant qu’on le voulait, autant qu’on le pouvait, et l’on veillait souvent assez tard.

Nul en ce monde, je l’ai dit, ne savait mieux endurer la misère causée par les intempéries des saisons, la chaleur ou le froid n’avait que bien peu de prise sur le tempérament du vieil homme.

Louis Durand et sa femme ont été deux grands philosophes, et j’en donne les raisons principales. Il doit y avoir à l’heure actuelle, à Lanoraie, cent personnes au moins qui ont connu Louis Durand, du rang de St-Henri, ce grand vieillard toussoteux, à la tignasse de cheveux absolonesque, coupée en balai ; figure pâle, remarquable par sa bouche aux lèvres épaisses, pommettes des joues