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Et Léocadie de répondre. — « Si c’est l’histoire que tu as préparée hier pour M. Foisy, c’est bien vrai que tu as promis de la lui raconter. »

Cet ami de mon grand’père, je puis l’affirmer, a passé une bonne moitié, sinon la majeure partie de sa vie pieds nus, comme les saints gravés sur les images anciennes. On rapporte de lui des prodiges d’endurance. Camille Rondeau m’a affirmé maintes fois qu’après être tombé deux fois dans l’eau à la glace, la glace de la savane s’étant brisée sous ses pas, lorsqu’il s’en allait bûcher au bois, il avait passé toute la journée sans se plaindre un instant, sans même s’impatienter ; et par le grand froid, le midi, en s’approchant pour se chauffer, d’un arbre en feu, une branche pleine de flamme lui tomba dans sa chemise, il ne répondit même pas à celui qui lui demandait ironiquement s’il s’était brûlé.

Durand ne savait ni lire ni écrire ; je me