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Peu à peu, mais bien tard dans la nuit, l’homme au teint bronzé, un peu courbé, portant dans ses veines du sang de sauvage ; l’homme aux lunettes épaisses, et qui marchait à pas pesant, quand rien ne l’excitait, s’était radouci, avait mangé et dormi.

Le lendemain, à 8 heures, il s’était levé de bonne humeur, mais ressentant dans ses nerfs des lassitudes. Sa figure était toujours sombre, mais les mots dont il se servait n’avaient aucune cruauté, et ils étaient dits sur un ton moins sourd que d’habitude.

Dire que le bonhomme, en dépit du vent de norouet et des deux sortes d’eau qu’il avait bues avait fait une bonne pêche, est une vérité ; plus qu’une pêche, on peut affirmer qu’il avait fait aussi une bonne chasse : un loup marin, 2 carpes de taille raisonnable, trois achigans et plusieurs barbottes, le tout donné en soin aux gars de la Généline, petite barque commandée par ses amis Jos. Pagé et Gilbert Lippé.