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comme ça que j’aime à me réchapper moi-même », ajoutait-il, en rechargeant de tabac, « du Virgine fort », sa pipe avide, brûlante, et en prenant une seconde chique par dessus la première. « Boudine », apparemment ruinée, née on ne sait ni quand ni où, mais elle avait anciennement, bien anciennement, été entraînée sur un champ de course, puisqu’elle remontait, certain soir du temps des fêtes, de Berthier à Lanoraie en quelque quarante minutes, distance de trois lieues, course échevelée, en compagnie d’un trotteur émérite, le cheval de Pierre Delisle dit Lasette, et cela, cette brave Boudine, comme couronnement à une journée de travail atroce : « mais la glace était belle, « Sacrepochette » ; et deux ou trois coups de « harriées » sur les flancs l’avaient « émoustillée », lui avaient donné une bonne partance. Oui, « vieille viande », Boudine devait être une jument finie, parfaite, dans sa jeunesse ! » Elle mourut encore trop tôt.