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Muſeau cruel, ou que tu ſois :
Fauſſe meurtriére belléte,
Qui cete douce gorgeléte
De ta dent as oſé trencher :
Tant ton repas nous couſte cher.
TaLa nuit déia plus que demie
Tenoit toute choſe endormie,
Chacun repoſoit ſans ſouci,
Et le bon oiſelét auſsi,
Quand, toi ſeule par les tenébres,
Nous braſſant ces regrés funebres,
Vins adreſſer ton traitre pas
Au flair du precieus repas,
Et oſas, rauiſante beſte,
Meurtrir vne ſi chere teſte :
Il cria qu’on le ſecourut,
Mais parlant enſemble mourut.
Enſemble trépaſſe & ſ’éueille,
Leue enſemble & rabat l’oreille,
Et ſi treſ-piteus ſe rendort
Qu’on voit bien qu’il ronfle à la mort.
QuPlorés mignardes amouretes,
Dames blances, dames brunetes,
Et tous mignons d’Amour auſsi
Acompaignez ce dueil ici.
AcAh, qui lors ſa maiſtreſſe eut veue,
Venir au ſecours demi nue
Se tourmenter, ſe ſammeſter,