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Le Car l’ennemi ſien y demeure,
Le Seigneur par force deuenu.
Le laboureur voit l’eſpoir de ſa peine
Par main étrange, auant l’Aout moiſſonné,
ParVoit ſes beufs qu’vn barbare emmeine,
ParEt ſon chome à Vulcan donné
Que veus-tu plus ? les grãs monarques mémes,
Quand il t’a pleu leur calme vn peu troubler,
QuOnt ſenti ſur leurs teſtes blémes,
QuLeurs triples couronnes trembler.
Qu’eſt-il beſoin toutes les verges dire
Dont ta vengeance, ô Dieu nous a touchés !
DoDouce toutesfois eſt ton ire,
DoEt trop moindre que nos pechés.
Pour nous, ſeigneur, de trop pl’ de mal dignes.
Chetifs hommeaus, race deüe à la mort,
ChNe difére pas nos ruines,
ChSi pitié ia ne t’en remord.
Mais qui ſera-ce en ceſt éfroi des armes,
Qui chantera les louanges de Dieu ?
QuEn ceſte tempeſte d’alarmes
QuTes cantiques auront-ils lieu ?
Quelque vaincu, rendant l’ame, peut-eſtre,
Aucuns ſoupirs, bien tard, t’adreſſera :
AuMais le vainqueur, ſans te connoitre,
AuSa ſeule glore penſera.
Ou eſt le Prince a la main non ſouillée,
Qui dine ſoit de ton temple batir,