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La poure femme eſt louue deuenue,
Gloute de proie : & ſon lou la rauit :
GlCar en lou, tout d’vne venue,
GlLe moine auſsi tourné ſe vit.
Le forgeron, a qui ſa femme on ote,
Mué ſe trouue en l’oiſeau mal plaiſant,
MuQui touiours touiours vne note
MuAu mois de Mai va rediſant.

Elegie 26. à Dieu pour la paix.



Si tu perméts, Pere treſ-debonnaire,
À toi parler, qui ſais ſans nótre vois,
DeigMieus que nous mémes nótre afaire,
DeigCar le fons de nos cueurs tu vois.
Deigne, Seigneur, qu’à ta grandeur i’adreſſe
Vn peu de mos, quelques ſoupirs auſsi :
VnCar pitié du monde me preſſe,
VnEt de ta glore le ſouci.
Voi tout puiſſant, voi, mes alége enſemble,
Ton poure peuple, aſsés aſsés puni :
ToVoici tant de maus, ce me ſemble,
ToQue rien ne t’y reſte impuni.
Ceus qui d’argent auoient leur force faite,
Vont mẽdiant, ceus qui creuoient d’orgueil,
VoOnt veu leur fortune défaite,
VoEt or leur ſouuient du cercueil.
Le citoien, loin de ſa cité, pleure,
Meurtri, brulé, pillé, banni, tout nu,