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Belle ſans pair, d’vn forgeron la femme,
Naguére oſa d’elle tant preſumer
NaQue d’vn chacun, la bonne dame,
NaSe faiſoit Venus ſurnommer.
Le bon mari, bien laid, comme lon conte,
Touiours ſuant, touiours tout potelé,
ToN’auoit pas lui-méme de honte
ToD’eſtre auſsi Vulcan appellé.
Mais ce pendant la reine de Cithére,
Des diuins noms tel emprunt n’endura,
DeAins pour vengeance tres-ſéuere
DeVoici qu’elle en délibéra.
Toi qui Venus, dit-elle, oſes te faire,
Sois donc Venus, de nom, d’eſprit auſsi :
SoEt toi, Vulcan : &, pour parfaire,
SoAiez méme ce Mars ici.
La choſe eſt dite, & faite tout enſemble,
Vn gras Prieur en eſt le braue Mars :
VnEt ceſte ci, qui Venus ſemble,
VnSe preſte à lui de toutes pars.
Tant qu’vne fois, par ſecréte pipée,
Le noir Vulcan les ſurprent embraſséz,
LeEt tous deus d’vne longue épée,
LeLes euſt à l’heure outre-percéz.
Mais, par pitié miſericordieuſe,
Les dieus benins (comme iadis ſouuent
LeEn l’antiquité fabuleuſe)
LeMirent leur puiſſance au deuant.