Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Elegie 23. ſur le mariage du Roi Daufin
auec la Reine d’Ecoſſe en
Auril, 1558.



VOici ton mois, ô fille de l’écume,
Bell’Aphrodite, & le celeſte Tor,
Le cielIa tout ce monde te r’alume,
Le cielFaiſant flamber ſes cornes d’or.
Le ciel te rit, &, a l’enui, la terre
Point ne te ceſſe herbes & fleurs tirer,
PoEt la Mer qui ſemble de verre,
PoTe prie en elle te mirer.
Ne tarde plus. Laiſſe, à bride aualée
Ramer deça tes cines attelez,
RaLa ou Seine a Marne mélée
RaEntourne le roial palais.
Auecques toi pren ce chois de tes filles,
Trois cors tout nus ſ’entretenans touiours,
TrLes Graces, ces trois ſeurs gentilles,
TrEt l’vn, ſans plus, de tes amours.
Au lieu de l’autre, ô Himen himenée,
Vien, chaſte Dieu, ta mere acompaigner :
ViNulle amour d’honneſteté née
ViNe doit ta torche dédaigner,
Et quel des dieus, par nous race mortelle,
Eſtre deuroit plus que toi honnoré ?
EſtEt quel, par vn amant fidelle,
EſtPlus deuotement adoré ?