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Mais pour rauir les ſauantes oreilles
D’vn ſaint trouppeau non iamais ſe ſaoullant
D’D’ouir les nombreuſes merueilles
D’Qu’en tes vers tu nous va coullant.
Soit qu’en ton vers Sibille ſe demeine,
Quand ſa rigueur langoureus tu deſcris,
QuOn te voit endurer la peine,
QuOn voit tes plaincts, larmes, & cris.
Soit que plus dous ta parolle fillée
Chante ſes ieus, ſa beauté, ſa vertu,
ChLa grace des cieus eſt pillée
ChEt ſon chef en eſt reueſtu.
Soit qu’il te plaiſe abaiſſer le tien ſtille
À déplorer la mort d’vn perroquet,
À Vn dous ſucre, ſemble, diſtille
À De ſon induſtrieux caquet.
Ton vers encor, bien qu’en moi il propoſe
Plus la moitie que ie n’i ſai de bien,
PlMe fait promettre quelque choſe
PlDe moimeſme qui ne ſuis rien.
Certes, Doublet, ni le harpeur de Thrace
Trainant les bois, ni le Thebain auſsi
TrN’eurent iamais autant de grace,
TrComme tu en reſpans ici :
Ni ceſtui la dont la harpe ſucrée
Par le peril des ondes euité,
PaA ſa Methimne conſacrée
PaAus piés de l’immortalité.