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NeÔ Pæan, ceſte-ci regarde,
NeRegarde, ô Pæan ceſte-ci.
Ne ſoufre pas ceſte onzieme Sibille,
Pour qui louer m’as donné tant de vers,
PoEſtre vendangée inutile,
PoDes le printems de ſes ans vers.
Ou eſt déia ceſte clarté iumelle,
Qui ton rayon dans ſes yeus égaloit ?
QuOu eſt l’ardeur douce cruelle,
QuQui ſi viue en étinceloit ?
Qui à ſa ioue, helas, decolorée ?
Qui de ſon teint à ce beau pourpre éſclus,
QuY eſtant par tout demeurée
QuVne blanche nege ſans plus ?
Or éſanqué ce rond bort de ſa bouche,
Corail non plus, mais cire diroit on :
CoEt tout ſon chef pent & ſe couche,
CoComm’vn demi trenché bouton.
Car la voila, laſſe, gelée & pale,
Sans cueur, ſans force, vne marbrine mort :
SaPuis, apres ce bref interualle,
SaToute rebrulera plus fort.
Comm’vn brandon qui deuore ſa méche,
Et iuſqu’au bout, de l’vſer n’a repos,
Et iAinſi ce feu fieureus la ſeiche,
Et iBoit ſon ſang & vide ſes os.
Plus propre, helas, vne fieure amoureuſe
Ceſte ieuneſſe en ſoupirs bruleroit,