Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Elegie 15.



LEger aneau, qui de madamoiſelle
Vas, ſ’il lui plait, le petit doit lier,
Va t’Aneau, qu’on doit, du ſeul bon zéle
Va t’De qui te donne, aprecier.
Va t’en heureus, ceſte chair blanche ceindre,
Que de mes bras, bien fier, toute ceindroi’,
QuVa t’en à ceſte beauté ioindre,
QuÀ qui trop mieus ie me ioindroi’.
Mais ne ſai quoi, ſeul trouble de ma vie,
Certain honneur qu’ell’ ſ’oſtine garder,
CeEt le malin plait de l’enuie,
CeNe lui ſoufrent rien hazarder.
Or, ſur ton rond, par le dehors, tu portes
Ceſt œil d’azur, apres les ſiens taillé,
CeMais di lui qu’autres mains plus fortes,
CeLe vif ſemblant m’en ont baillé.
Car ſes deus yeus, & mille éſclers d’œillades,
Deſſus mon cueur, que bien dur il trouua,
DeAmour, à mille poinçonnades,
DeLui-méme par neuf ans graua.
Et au dedans de ton cercle ai fait mettre
Vn cueur ſecret, que ne connoiſſe aucun :
VnCache auſsi ceſte bréue lettre,
Vnl’œil à tovs soit, le cvevr à vn.
L’œil à tous ſoit, il faut qu’vn Soleil luiſe,
Et ne ſe peut telle clarté cacher :