Visqu’il t’a plu, ma douce ame Sibille,
Puisqu’il t’a plu, mes vers te nommeront :
Mes vers plus de cent fois cent mille,
Sous ton nom ſe renommeront.
Si iuſqu’ici mes Muſes en enfance
Ont ſoupiré François, Grec ou Latin,
Le lecteur n’a eu connoiſſance
Sinon d’vne feinte Catin.
Ainſi Lesbie à ſon docte Catulle
Maint vers onzein fauſſement rempliſſoit :
Ainſi Néméſe au dous Tibulle
Maint fluant couple fourniſſoit.
Or cetui la de vray nommer rougiſſe,
Qui ſon amour peu néte ſentira ;
Car la noſtre pure & ſans vice
Moins deſormais y mentira.
L’amant Tuſcan que fit ſa flamme ſainte
Tant ſoupirer a l’entour d’Auignon,
N’vſa point de lointaine feinte
À déguiſer vn diuin nom.
Diuin vraiment, fut le nom de la ſienne,
Et d’Apollon & des Muſes aimé :
Mais dis fois le nom de la mienne,
A eſté diuin eſtimé.
Pardonnés moi Cumane & Erithrée,
Vous autres huit auſsi pardonnez moi,