Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Elegie 12.



PVisqu’il t’a plu, ma douce ame Sibille,
Puisqu’il t’a plu, mes vers te nommeront :
Si iMes vers plus de cent fois cent mille,
Si iSous ton nom ſe renommeront.
Si iuſqu’ici mes Muſes en enfance
Ont ſoupiré François, Grec ou Latin,
OnLe lecteur n’a eu connoiſſance
OnSinon d’vne feinte Catin.
Ainſi Lesbie à ſon docte Catulle
Maint vers onzein fauſſement rempliſſoit :
MaAinſi Néméſe au dous Tibulle
MaMaint fluant couple fourniſſoit.
Or cetui la de vray nommer rougiſſe,
Qui ſon amour peu néte ſentira ;
QuCar la noſtre pure & ſans vice
QuMoins deſormais y mentira.
L’amant Tuſcan que fit ſa flamme ſainte
Tant ſoupirer a l’entour d’Auignon,
TaN’vſa point de lointaine feinte
TaÀ déguiſer vn diuin nom.
Diuin vraiment, fut le nom de la ſienne,
Et d’Apollon & des Muſes aimé :
Et Mais dis fois le nom de la mienne,
Et A eſté diuin eſtimé.
Pardonnés moi Cumane & Erithrée,
Vous autres huit auſsi pardonnez moi,