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ToQue i’auoie aquis, pour ta gloire
ToChanter vn iour à mon pouuoir :
Tout l’emploiai en rimaille impudique,
Vain que i’étoie, enſorceler cuidant
VaCeſte belle, ceſte pudique,
VaQu’encor ton eſprit va guidant.
Et tant alla ma mechanceté folle,
Que ce tien œil qui nuit & iour nous voit,
QuIurai eſtre vn ſonge friuolle,
QuPource que cieinte elle en auoit.
Iurai Enfer & ſa noire canaille,
De tes haineurs l’éternelle priſon,
DeN’eſtre que vaine épouuantaille,
DeAus petis enfans ſans raiſon.
Ô Dieu ſeigneur, pourquoi tãt nous delaiſſes ?
Couler ſi bas pourquoi nous ſoufres tu ?
CoEſſe, que tes mains ſauuereſſes
CoDautant plus montrent ta vertu ?
Or te mercie, & graces immortelles,
Sauueur puiſſant, à ta bonté ie doi :
SaCar échapé des rets mortelles
SaEncor ſous ta garde me voi.
Tu as permis qu’après ce beau viſaige,
Que, maugré lui, dis ans ai adoré,
QuDe l’eſprit, trop plus bel image,
QuEn fin me ſuis enamouré.
C’eſt ceſtui-la, qui mes fables laſciues,
Si ſaintement confuſes rabatoit,